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Titre du blog : La pratique du communisme selon marx
Auteur : lapratiqueducommunisme
Date de création : 17-11-2010
 
posté le 17-11-2010 à 12:07:18

Conclusion

La pratique politique chez Marx part du constat que le capitalisme n'est pas viable à long terme. Il y a dans ce système une contradiction interne qui le pousse à sacrifier la masse salariale pour augmenter le profit de la classe dirigeante, alors que ces derniers sont dépendants de cette masse salariale pour leur profit. En effet, le profit est la différence entre les dépenses de l'entreprise (essentiellement les salaires des ouvriers) et la valeur réalisée par la vente des objets. Une entreprise est alors en croissance lorsque le profit augmente année après année. L'objectif est alors d'avoir une croissance constante. Or il a été démontré, par Marx comme par la pratique, que le capitalisme traverse des crises économiques régulièrement. Ceci est alors dû à la surproduction engendrée par le système capitaliste lui-même. La surproduction est le moment critique où les entreprises produisent plus de marchandises que la société en a besoin. La valeur de la vente des marchandises diminue alors naturellement (selon la loi de l'offre et de la demande) et c'est le début de la récession. Ce phénomène est accéléré dans notre société actuelle dans la mesure où, dans une entreprise qui quotte en bourse, les actionnaires (avec leurs apports financiers) quittent l'entreprise qui réalise le moins de profit au bénéfice des entreprises plus compétitives. Ou bien ils gardent leurs apports en attendant la fin de la crise. C'est alors la chute libre pour les entreprises concernées. Pour contrer ce phénomène de surproduction, les chefs d'entreprises doivent nécessairement réduire les dépenses, c'est-à-dire dans un premier temps diminuer les salaires des ouvriers, puis diminuer le nombre d'ouvriers. Mais s'il y a moins d'ouvriers, il y a moins d'objets produits et donc moins d'objets en vente ou alors il faut exploiter encore plus les ouvriers restant. Les profits sont alors toujours condamnés à diminuer. Parallèlement à cela ils doivent alors prendre plus de risque (réduire la qualité, faire quelque chose d'original, etc.) pour devenir plus compétitif et augmenter leurs ventes. Ces risques peuvent aussi les précipiter vers la faillite. De plus si en période de croissance, il est possible que la classe dirigeante fasse des concessions aux prolétaires, comme par exemple les trente-cinq heures, les retraites, la sécurité sociale, etc., tout cela doit être balayé en temps de crise car ce sont autant de dépenses et d'obstacles qui ralentissent le profit. Or il en va de la survie des entreprises de continuer à engendrer du profit. La crise se fait alors d'autant plus ressentir sur les ouvriers, qui soit se voient tomber dans le sous-prolétariat, c'est-à-dire une classe sociale sans travail et sans source de revenu, soit voient leur temps de travail augmenter et leur salaire diminuer pour n'avoir plus que juste de quoi survivre. L'objectif est d'augmenter les profits par tous les moyens. En temps de crise, les prolétaires ont alors tout perdu sauf leurs chaines. Ceci semble d'autant plus inacceptable s'ils ont connu avant cela une période de prospérité. Le poids du système se fait alors ressentir sur leurs épaules et ils n'ont alors plus le choix: la révolution devient une nécessité pour eux.


Mais, c'est dans ces temps de crise que les syndicats et le parti communiste doivent jouer un rôle crucial pour la révolution. En effet, sans les syndicats, les ouvriers sont désunis devant le patronat qui est poussé par la crise à licencier et à diminuer les salaires des ouvriers et à les surexploiter. Les syndicats ont alors pour objectif de rassembler tous les ouvriers pour les pousser vers le parti communiste. Le parti communiste n'est alors rien d'autre que le représentant politique de la masse salariale. Son objectif n'est pas d'améliorer le statut des ouvriers dans le système capitaliste (car ceci est impossible puisque l'exploitation à outrance des ouvriers est une nécessité en temps de crise) mais de profiter des temps de crise pour pousser les prolétaires à la révolte. Pour se faire, il doit créer les conditions nécessaires pour l'accomplissement d'une révolution. En premier lieu, le parti communiste doit créer une conscience politique dans les esprits. La conscience politique est le moment où les prolétaires ont compris la nécessité de changer le système capitaliste actuel pour un système communiste. Les prolétaires s'engagent alors dans la lutte des classes. Pour se faire, le parti communiste dispose de deux moyens, d'abord la propagande via les syndicats, tracts et journaux et ensuite via l'organisation de clubs où les ouvriers peuvent se retrouver pour parler politique, boire, manger et surtout fraterniser. Ce dernier point est nécessaire pour une révolution réussie. L'objectif du parti communiste est de souder les prolétaires afin qu'ils désirent changer la société ensemble. C'est seulement grâce à une masse conséquente de prolétaires que les travailleurs peuvent prendre le pouvoir. Mais cette révolution semble inconcevable sans une alliance avec, d'une part les autres partis de gauche et l'ensemble des syndicats des travailleurs, et d'autre part avec l'aide de la petite bourgeoisie. C'est alors le rôle du parti communiste de réaliser ces alliances en vue de la révolution et de représenter les intérêts de l'ensemble des prolétaires dans cette alliance et de s'opposer à tous renforcements des autres forces politiques de cette alliance. Ceci est alors le moment historique où les meilleures conditions pour une révolution sont réunies. Cependant le moment même du début de la révolution reste un mystère car, à la différence d'un Putsch qui peut être réalisé par une minorité armée, la révolution doit partir d'une révolte de la population puisqu'elle doit être faite pour elle. C'est seulement à partir de cette révolte que le parti communiste doit tout faire pour prendre le pouvoir de l'État.


Nous sommes donc à un moment historique où, dans le meilleur des cas, le parti communiste possède le pouvoir mais où il est directement menacé d'une part par ses anciens alliés et d'autre part par les grands bourgeois qui viennent de chuter. S'ouvre alors une période de dictature du prolétariat dont l'objectif est de former une transition entre le capitalisme et le communisme. Selon nos conclusions, il y a deux hypothèses chez Marx. La première part du fait que les prolétaires représentent une minorité dans le peuple. Dans ce cas le parti communiste doit jouer un rôle central où, sur la base de la terreur jacobine, il doit prévenir et empêcher toutes les tentatives de contre-révolution. Pour se faire, il n'y a pas de limites à son pouvoir et il entreprend alors une période de terreur qui n'est ni favorable aux bourgeois, ni directement aux prolétaires car toute suspicion de complot contre la révolution équivaut à la peine de mort. Parallèlement à cela, le parti communisme doit préparer la deuxième phase de la dictature du prolétariat, en augmentant le plus rapidement possible la masse des forces productives (par le biais de la nationalisation des terres et des entreprises) et en supprimant tous les vestiges de la société capitaliste. Ainsi, les prolétaires deviendront la classe la plus nombreuse et pourront ainsi assurer eux-mêmes leur propre protection contre les risques contre-révolutionnaires. Une fois que les prolétaires sont les plus nombreux nous pouvons passer à l'étape supérieure de la dictature du prolétariat. La seconde hypothèse part du fait que les prolétaires représentent la classe la plus nombreuse de la société. Dans ce cas nous pouvons passer directement à la deuxième phase de la dictature du prolétariat. Le parti communiste joue alors un rôle minime dans la dictature car les prolétaires peuvent assurer eux-mêmes la prévention contre tous les risques de contre-révolution. Il faut ainsi armer les prolétaires qui, étant majoritaires, s'imposent par la force face aux autres puissances politiques. L'objectif premier est alors d'éliminer physiquement toutes ces forces politiques. Ensuite, l'objectif des prolétaires est de viser l'autogestion de leur propre entreprise, de leur propre territoire et de leur propre commune. L'État crée alors une instance de fonctionnaire censée réguler les besoins et les offres sur l'ensemble du territoire découpé en communes autogérées par les prolétaires. Cependant, nous devons noter que la fin de la dictature du prolétariat et la suite du mouvement communiste reste très obscure mais ceci reste rationnel compte-tenu de la philosophie de Marx. Il ne cesse de répéter que ce sont les conditions qui construisent les hommes et inversement. Or son objectif est de créer de nouvelles conditions et la dictature du prolétariat ne fait que préparer ces nouvelles conditions, c'est-à-dire la disparition des classes sociales. Les discutions qui visent à savoir ce qui doit se passer dans l'après dictature du prolétariat seraient, comme le dirait Marx, « purement scolastiques » car aucune expérience empirique n'avait été réalisé jusqu'à l'époque de Marx. Il était alors soit condamné au silence, soit à créer une utopie.


Cependant la partie sur la dictature du prolétariat semble tout de même être la plus problématique du point de vue interprétatif, comme empirique. Jamais la dictature comme nous venons de l'exposer n'a été réalisée. Il y a un glissement de la dictature du prolétariat marxiste vers la dictature du prolétariat comme État et ceci dès Lénine. Après la révolution de 1917, Lénine s'était aperçu que l'après révolution faisait cohabiter des éléments prônant un capitalisme d'État et des anarchiste-communistes. Lénine définit alors la dictature du prolétariat comme une nouvelle période de lutte des classes où les classes demeurent et demeurons sous un nouveau rapport et c'est pourquoi l'État ne peut pas disparaître aussi rapidement que Marx l'avait prévu. Lénine, qui intervient directement dans la pratique, fait donc prendre un virage à la conception de la dictature du prolétariat car au lieu de diminuer l'influence de l'État, il prend conscience que celui-ci est nécessaire pour gérer l'économie d'État. En effet en nationalisant les entreprises, l'État se retrouve à engendrer les profits de la production. C'est ce que nous appelons un capitalisme d'État où celui qui exploite la masse salariale n'est plus le bourgeois mais l'État. Dans un capitalisme d'État, les profits sont en théorie redistribués à l'ensemble de la population. Ainsi, à la tête des bolcheviks, certains prennent l'alternative de ce système. Lénine quant à lui prend conscience de ce problème sans jamais chercher à le résoudre puisqu'il ne connaitra l'après révolution que seulement 3ans. La seconde expérience communiste à grande échelle vient de Mao qui après la révolution est aussi confronté aux problèmes de la dictature du prolétariat. Mao transforme encore un peu plus la conception marxiste de la dictature du prolétariat pour la changer en « révolution ininterrompue ». Sur la même base que Lénine, Mao voit qu'il existe encore une lutte de classes dans de multiples domaines de la société. L'État de la dictature du prolétariat doit alors résoudre les antagonismes de classe les uns après les autres (d'où la révolution ininterrompue) et c'est seulement comme cela qu'il est possible de faire disparaître les classes. La version marxiste du la dictature du prolétariat est alors ici déjà totalement corrompue car le parti communiste devient un instrument bureaucratique de transformation sur le long terme. Au lieu que ce moment historique soit une transition entre le capitalisme et le communisme, il devient une succession de mini-révolutions qui doit durer autant de temps qu'il faudra pour opérer à une transformation sociologique et psychologique pour créer une société sans classe. Enfin Staline (dont la montée à la tête du premier État communiste est plus que polémique) termine la corruption de cette conception de la dictature du prolétariat en la définissant comme un système social et institutionnel où le parti communisme devient le pilier de ce système en représentant la « forme supérieure d'organisation de la classe du prolétariat », c'est-à-dire les dirigeants de l'État. La dictature du prolétariat est alors devenue un état de fait (qui dura 1920 à 1989 date de la chute de l'URSS) sans réelle objectif de changer le statut des prolétaires et qui fera énormément de mal au communisme futur. L'Etat est alors transformé en capitalisme d'Etat où l'objectif est d'une part d'avoir une forte croissance et d'autre part d'étendre la révolution aux autres pays. Les autres États communistes suivront toujours plus ou moins l'un de ces trois modèles.


Cependant, ce n'est pas un hasard si la dictature du prolétariat a été l'idée qui a été la plus déformée chez Marx. Marx lui même lui donne un rôle central dans son système politique sans pour autant définir clairement son rôle. Ce problème vient de sa conception de la philosophie comme pratique théorique qui doit s'appuyer sur une pratique empirique. Mais tant qu'il n'y a pas eu d'expérience d'État prolétarien, Marx ne pouvait pas concevoir un après révolution sans tomber dans l'idéologie. Ainsi, ce n'est seulement qu'après les événements de la commune de Paris que Marx tend à donner de la consistance à sa conception de la dictature du prolétariat. De plus cette conception s'appuie totalement sur cette expérience. Avant cela Marx s'appuie essentiellement sur l'expérience de la révolution Française et la terreur jacobine. De plus nous ne trouvons quasiment aucun passage sur l'après dictature du prolétariat tout simplement car Marx ne possède aucun élément sur lequel s'appuyer. Les objectifs de Marx dans l'après révolution sont pourtant clairement exposés: créer un État sans classe ou les ouvriers travailleront pour eux-mêmes sans être aliénés par ce travail. Mais les moyens pour atteindre cet objectif sont plus qu'obscure. Il n'y a pas de doute qu'actuellement, après les expériences communistes passées, il serait possible pour un marxiste de finir le travail de Marx sur la question de la dictature du prolétariat et de l'après dictature. Les expériences pratiques (et même les plus malheureuses) ont été réalisées et un Marxiste pourrait alors réaliser une pratique théorique. Cependant ceci n'a encore jamais été fait par un philosophe et ce travail semble alors encore totalement ouvert, bien que très sensible vis à vis de ces mêmes expériences passées.


De nos jours, en plein crise économique, Marx est plus que jamais d'actualité, non seulement sur sa critique du capitalisme, que nous avons rapidement évoqué dans la première partie, mais aussi sur la création d'un système alternatif. Avec ce mémoire, nous nous rendons compte que les expériences d'États communistes n'ont pas grand chose à voir avec la pratique politique de Marx. D'abord parce qu'elles se sont développées principalement dans des pays qui n'ont pas connu le développement capitaliste, mais qui font « seulement » les frais de la mondialisation. Ensuite parce que la dictature du prolétariat qui doit être un État de courte durée et qui doit aboutir à l'autonomie et l'autogestion des prolétaires est devenue, comme nous l'avons vu, un état qui n'évolue plus et qui, dans le meilleur des cas est devenu un gouvernement démocratique favorable à la masse ouvrière (c'est le cas du Brésil, du Venezuela et de la Bolivie) et dans le pire des cas un capitalisme d'État totalitaire où l'ouvrier est encore plus exploité au profit de l'État et où les opposants sont emprisonnés dans le meilleur des cas ('est le cas de la chine, de Cuba, du Cambodge, de l'URSS etc.). De plus, même si nous voudrions adapter cette pratique du Marxisme aux États occidentaux, nous rencontrerions quelques difficultés. Plusieurs éléments internes et issus du Marxisme ont été corrompus. La première corruption est que les partis communistes sont totalement désunis malgré le fait qu'ils partagent quasiment le même programme politique (ceci est essentiellement dû à l'héritage du combat entre Trotskistes et Staliniens) . Ensuite parce que les partis de gauche et le parti communiste en première ligne sont devenus plus bureaucratiques et réformateurs. Ils visent maintenant plus la sauvegarde de leurs élus que le regroupement de la masse ouvrière et la révolution. En ce sens, ils ne jouent pas le rôle historique qu'ils devraient. Ils condamnent donc la révolution, malgré l'importance de la crise économique, de la montée de la précarité et de la colère massive des ouvriers que nous connaissons. Enfin la dernière corruption vient du fait que les syndicats ne jouent pas leur rôle qui est de rassembler les ouvriers autour du parti communiste. Au contraire, ils visent à se distinguer le plus possible de toute appartenance politique. De plus, comme le parti communiste, les syndicats ont perdu leur but révolutionnaire au profit de syndicats réformateurs qui visent à améliorer le capitalisme, pour le rendre viable aux yeux des prolétaires. Et ceci est une réussite car nous pouvons constater que les prolétaires sont certes bien plus nombreux qu'à l'époque de Marx mais que ces prolétaires ont largement profité du progrès technique et économique du capitalisme. Beaucoup sont maintenant propriétaires de leur maison avec tout le confort moderne, possèdent une voire plusieurs voitures, ont une sécurité sociale, une retraite assurée (bien que menacée), ne travaillent plus 10h par jour comme à l'époque de Marx et ont des congés payés. Les prolétaires ont alors maintenant bien plus à perdre que leurs chaines car ils ont trouvé un avantage dans le capitalisme. Par ailleurs, la définition même de prolétaire est devenu désuet. L'immence majorité des hommes sont maintenant obliger de vendre leur force de travail pour vivre, donc selon Marx ce sont des prolétaires, mais rare sont les travailleurs qui ne profite pas du système capitaliste. Bien entendu, dans notre société actuelle, il existe encore de la misère, 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France selon l'Insee, mais ceci ne représente plus la majorité des prolétaires. Cependant, selon les estimations de Marx, lorsque le capitalisme traverse une crise, les prolétaires retombent nécessairement dans la misère. Le communisme et le marxisme sont alors condamnés à venir hanter régulièrement les adeptes du système capitaliste.