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Titre du blog : La pratique du communisme selon marx
Auteur : lapratiqueducommunisme
Date de création : 17-11-2010
 
posté le 17-11-2010 à 12:05:44

C.4 La fin de la dictature du prolétariat.

Logiquement, la fin de la dictature du prolétariat est marquée par le fait que les prolétaires ont envahi toutes les instances du pouvoir et qu’ils dirigent, grâce à la démocratie directe, leur communauté et au dépérissement de l’Etat en tant qu’instance dirigeante et répressive.


« Une forme politique spécifique […] dialectique, par sa propre capacité d’auto transformation interne : « Une transformation politique de part en part susceptible d’extension, alors que toutes les formes de gouvernement avaient jusque-là mis l’accent sur la répression. Son véritable secret le voici : c’étaient essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de classe des producteurs contre la classe des appropriations, la forme politique enfin retrouvée qui permettrait de réalisée l’émancipation économique du travail. » Ce que Lénine présentera dans : «  L’Etat et la Révolution » comme la contradiction d’un « Etat qui est en même temps un non-Etat », organisateur de son propre dépérissement. »

labica – Bensoussan, Dictionnaire Critique du Marxisme, PUF, Paris, 2001, p.327


La dictature du prolétariat de Marx synthétisée ici est toujours susceptible d’extension. En effet, nous voyons qu’elle s’adapte aux conditions de développement de la société et qu’elle évolue en même temps qu’elle. Le stade plus bas où la dictature du prolétariat peut évoluer est le moment où le prolétariat n’est pas majoritaire, c'est-à-dire si la société capitaliste n’est pas encore pleinement développée. Ainsi Marx envisage une révolution en France et en Allemagne, même si ces pays ne sont pas encore développés comme l’Angleterre dans le demi-siècle après 1850. Nous comprenons alors parfaitement comment elle à pu s’exporter dans des pays qui ne sont pas transformé en capitalisme, comme la Russie au temps de Lénine, ou la Chine au temps de Mao, mais aussi dans les pays qui sont touchés de plein fouet par ce système comme l’Amérique latine de notre époque. La dictature du prolétariat vise alors à faire progresser la société et le prolétariat vers un tout producteur. En ce sens la dictature du prolétariat est extensible. Mais elle est aussi envisageable dans n’importe quel pays qui subit la révolution des prolétaires et ceci dans n’importe quelle condition dont celui-ci a évolué. Elle fait passer d’un Etat répressif à un Etat participatif et c’est en ce sens qu’elle est extensive. Pour un Etat autre que marxiste, qu’il soit capitaliste, monarchique, dictatorial fichiste ou communiste (comme nous l’avons connu avec Staline), basé sur le répressif. Une classe sociale, élue ou non, impose ses principes et elle les fait représenter dans la loi, puis les fait respecter par le pouvoir exécutif. Ainsi, sans pour autant passer par la violence directe et la répression explicite (telle que les tanks de l’armée rouge ou les pelotons de SS) chaque Etat autre que celui envisagé par Marx impose ses règles, c'est-à-dire les règles d’une classe sociale (élue ou non), et ceci par la répression, c'est-à-dire par un pouvoir exécutif. L’exécutif est nécessairement répressif car il s’agit toujours de faire respecter la loi. Or avec un système représentatif, et de surcroit dans une dictature ou une monarchie, il y a une distance entre le législatif et le peuple car ce n’est jamais le peuple qui choisit directement ses propres règles. Ainsi même si celui-ci explicite directement son désaccord (par un référendum, un sondage ou par des manifestations massives par exemple) le législatif peut toujours aller contre l’avis du peuple. L’exécutif sert alors de médiation entre le législatif et l’exécutif, mais la médiation n’est pas réciproque. Dans le système marxiste de la dictature du prolétariat, il y a une extension du répressif et de l’exécutif. Dans un premier temps, l’exécutif est puissant, fort, voir même tyrannique et ceci afin de contre les risques de contre révolution et de faire du prolétariat une force majeure. Dans un second temps, l’Etat perd le pouvoir exécutif pour le laisser aux prolétaires. Et ceci se fait à travers plusieurs étapes, comme nous l’avons vu précédemment. En ce sens, Marx fait de sa dictature du prolétariat une politique extensible plutôt que répressive. L’exécutif passe aux mains des prolétaires armés et le législatif est dirigé par les organisations de masse des différentes communes. La dictature du prolétariat est donc extensible car elle s’adapte au développement des prolétaires.

Ensuite, la fin de la dictature du prolétariat est marquée par la fin de son extensibilité, c'est-à-dire par le moment où c’est la classe ouvrière qui dirige. En effet, comme nous l’avons vu, la dictature du prolétariat s’engage dans une voie qui organise une démocratie directe où ce sont les prolétaires qui définissent le législatif et ce sont les prolétaires qui organisent leurs propres règles. Or le gouvernement est l’organe institutionnel investi du pouvoir exécutif. Donc, dans la dictature du prolétariat, c’est bien les prolétaires qui sont chargés de l’exécutif. La dictature permet la transformation d’un pouvoir placé sous la coupelle des appropriateurs à un pouvoir aux mains des producteurs et c’est ceci qui permet l’émancipation du travail. La distance qui existait entre le travail, son objet et le travailleur est supprimée. En effet, les appropriateurs sont les bourgeois dans le sens où ce sont les seuls qui possèdent et les producteurs sont les prolétaires dans le sens où ce sont eux qui font marcher les moyens de production. Le règne des appropriations est aboli par la révolution. Grâce à l’extension de la dictature du prolétariat, ce sont les producteurs qui peuvent posséder le pouvoir. D’abord, le parti communiste garde le pouvoir pour éviter les risques de contre-révolution, il entretient et produit des prolétaires pour qu’ils deviennent la force majoritaire, ensuite il les forme au pouvoir et enfin de leur laisser le pouvoir. C’est seulement à la fin de ce processus que les producteurs peuvent prendre la place des appropriateurs. Mais c’est seulement lorsque les producteurs auront le pouvoir qu’ils seront émancipés du travail. Effectivement les prolétaires sont toujours aliénés tant qu’il y aura une distance entre eux et leur objet de travail. Lorsqu’ils prennent le pouvoir, d’abord ce sont eux qui définissent les nécessités de leur travail, c'est-à-dire qu’ils choisissent l’objet, ensuite ils définissent les conditions de travail et enfin ils possèdent les bénéfices de leur travail. Le lien entre le travail et l’objet du travail est alors rétabli. Avant cela et pour le bien de la société, afin d’exercé une médiation entre le système capitaliste et celui communiste, c’est le gouvernement de la dictature qui impose les nécessités du travail. Mais tout dépend de l’évolution de la dictature du prolétariat. Ainsi c’est le parti communiste qui décide d'abord, puis seulement après les fonctionnaires de l’Etat associés avec les organisations intellectuelles des prolétaires des villes et en correspondance avec les prolétaires.

Enfin, la fin de la dictature du prolétariat est marquée par la fin de l’Etat, mais cette fin était déjà prévue dans la constitution dialectique de la dictature. Lénine a déclaré que Marx représente un « Etat qui est en même temps un non-Etat ». Selon la définition de Marx et Engels que nous avons vu dans les premières parties de notre ouvrage, l’Etat est le représentant d’une classe sociale dont l’objectif est d’imposer à l’ensemble de la communauté les intérêts de cette classe sociale. Ceci a toujours été vérifié dans la monarchie, en représentant les intérêts des nobles, dans le capitalisme, en représentant les intérêts des bourgeois, mais aussi dés l’aube de la révolution du prolétariat jusqu'à la fin de la dictature du prolétariat, en représentant les intérêts des prolétaires. Cependant, c’est seulement dans la dictature du prolétariat que l’Etat devient en même temps un non-Etat car il est l’organisateur de sa propre déchéance. En effet, que ce soit dans la première ou la seconde conception de la dictature du prolétariat, l’Etat, qui représente les intérêts des prolétaires, ne vise qu’une seule chose, hormis le fait de se maintenir au pouvoir. L’Etat cherche toujours à faire grossir les rangs des prolétaires et, à long terme, à faire disparaître les autres classes sociales. L’Etat perd son rôle proportionnellement au nombre grandissant de prolétaires. Dés le début de la second conception de la dictature, c'est-à-dire au moment où les prolétaires sont devenus la classe la plus nombreuse, l’Etat perd de son intensité. Il perd le pouvoir exécutif et législatif pour n’avoir qu’un rôle administratif. Mais ceci était déjà marqué dés le début de la révolution, car l’Etat avait toujours pour seul rôle d’augmenter la masse des forces productives. En ce sens, la dictature du prolétariat possède une forme dialectique, car tout était déjà au départ ce qu’il y a à la fin de la dictature. L’Etat est un non-Etat dés qu’il ne représente plus les intérêts d’une classe sociale. Or, à la fin de la dictature du prolétariat, il ne représente plus de classe sociale car il a détruit toutes les différences de classe sociale. Il n’a donc plus de lieu d’être. La fin de la dictature du prolétariat est marquée par la fin de l’Etat, c'est-à-dire le moment historique où il n’y a plus de différence de classe. Ceci marque alors le départ d’une nouvelle société : Le communisme.