Marx déclare que la dictature du prolétariat doit se diriger « vers l’abolition des différences de classes tout court » et « vers l’abolition de tous les rapports de production sur lesquels elles reposent ». 1 La Dictature du prolétariat vise donc la disparition des différences de classes pour éliminer le système capitaliste qui repose sur ces différences. En effet, comme nous l’avons vu, ce système vise la progression de la classe dirigeante, c'est-à-dire de la classe bourgeoise. Cette classe se définit par la possession des moyens de production et c’est par l’exploitation de ces moyens qu’elle obtient leurs richesses. Aussi dans ce système, la classe des prolétaires joue le rôle de faire fonctionner et proliférer ces moyens de production. Les classes sociales sont alors les clés même du système capitaliste. En effet, sans domination et par une exploitation d’une classe autre, il ne peut y avoir d’économie capitaliste. Autrement dit les différences de classes reposent sur une différence de relation par rapport aux moyens de production. La dictature du prolétariat élimine alors le capitalisme en supprimant les différences de classes et elle élimine ces différences en supprimant la privatisation des moyens de production. Autrement dit, s’il n’existe plus d’individus qui possèdent d’industrie ou d’entreprise alors il n’y a plus de différence entre les classes car il n’y a plus de bourgeoisie. Il apparaît alors ici une transformation de l’ordre sociologique car l’organisation entre les hommes dans la société est bouleversée. D’abord, il n’y a plus une ou plusieurs personnes qui profitent du travail des autres, c'est-à-dire qu’une personne ne profite plus des gains d’une entreprise mais l’ensemble de hommes qui y travails. Ensuite, il n’y a plus de conflit ou de relation de domination entre des individus appartenant aux classes opposé. Il n’y a plus de conflit sur le salaire ou sur les conditions de travail, par exemple, car il n’y a plus de nécessité de rendement à tout prix et au mépris des travailleurs. Autrement dit, la lutte des classes disparaît. Enfin il n’existe plus d’hommes qui gagnent et possèdent beaucoup tandis que d’autres sont contraints à la misère, car les moyens et les gains de la production ne sont plus réservés à une classe. Cependant les bouleversements sociologiques n’aboutissent pas directement à ceci. Ceci n’est que le but ultime de la dictature du prolétariat dans ce type de transformation spécifique.
« Le premier pas des ouvriers dans la révolution, c’est le prolétariat s’érigeant en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat utilisera sa domination politique pour arracher peu à peu à la bourgeoisie tout capital, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’état, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante et pour accroître le plus vite possible la masse des forces de production. »
Manifeste du parti communiste, Paris GF Flammarion, 1998, p.100
Dans un premier temps, les premières actions pour atteindre la transformation sociologique résultent dans l’organisation démocratique du prolétariat, puis par son organisation en tant que classe dominante. Nous allons voir cette organisation prochainement. La démocratie est, par définition, la souveraineté d’un pays qui appartient au peuple. C'est-à-dire que c’est l’ensemble de la population qui possède l’autorité suprême dans la politique et que cette population n’est soumise à aucune classe sociale et aucune instance. Dans la démocratie occidentale de notre époque, elle résulte par l’affrontement électoral de parti politique qui représente les intérêts d’une classe sociale. Il y a ainsi le parti libéral, nationaliste, socialiste et enfin communiste. La démocratie au sein du prolétariat est clairement différente de ce genre de pratique démocratique. En effet, toutes les décisions qui sont soumises au vote des prolétaires sont toujours dans l’intérêt de l’ensemble des prolétaires. Les différents choix sont alors de l’ordre de l’organisation interne du prolétariat et pour d’éventuelles actions futures. Cette conquête de la démocratie ne revient à rien d’autre que l’établissement du prolétariat en classe dominante. En effet, le prolétariat est clairement la classe la plus nombreuse car il y a besoin de beaucoup plus de mains d’œuvre que de chef d’établissement. Ainsi le rapport quantitatif de la relation bourgeois-ouvrier est de l’ordre du un pour cent, voir même un pour mille. Le peuple est donc plus prolétarien que bourgeois. Or le capitalisme politique est la représentation de l’intérêt de ceux qui possèdent des capitaux, c'est-à-dire d’un pour cent ou d’un pour mille de la population globale. Or la population est, par définition, l’ensemble des habitants d’un espace défini. Mais si une minorité se distingue de la majorité alors nous désignons par le terme population, l’immense majorité de l’ensemble des individus. Cependant, il est difficilement quantifiable de dire à quel moment un groupe d’individus devient la population. Les paysans sont plus nombreux que les prolétaires (à cette époque) et en ce sens, ils font aussi partie de la population. Mais le capitalisme n’est pas démocratique car la souveraineté appartient à une minorité. La conquête de la démocratie par le prolétariat est donc le moment historique où la majorité de la population fonde sa domination. Si la bourgeoisie impose sa domination sur le prolétariat alors la population n’a pas la souveraineté. Pour obtenir une démocratie, il faut que ce soit l’intérêt des prolétaires qui soit représenté. La conquête de la démocratie par les prolétaires est donc non seulement interne à l’organisation des prolétaires, mais elle est aussi externe en désignant sa prise de pouvoir et sa domination. Cette domination démocratique est l’aboutissement de la révolution. La dictature du prolétariat est, en ce sens, la démocratie véritable car c’est le peuple qui domine et dirige.
Dans un second temps, grâce à cette domination politique, le prolétariat impose ses changements économiques qui sont le résultat logique de la transformation sociale. En effet, c’est parce que les prolétaires ont fait la révolution et donc acquis le pouvoir démocratique, c'est-à-dire c’est parce qu’il y a une transformation sociale, qu’il y a maintenant un bouleversement économique qui est, non seulement, la suite logique de la transformation sociale, mais qui sert aussi à assoir cette dernière. En effet, ayant acquis le pouvoir, le prolétariat arrache « à la bourgeoisie tout capital ». Le capital de la bourgeoisie n’est alors rien d’autre que les moyens de production de l’ensemble de l’Etat. La domination de la classe bourgeoise sur la classe du prolétariat passe essentiellement par la médiation de ces moyens de production. La bourgeoisie profite des gains de ces moyens tandis que les prolétaires ne sont qu’un instrument des moyens de production. La privation des moyens de production aux mains de la bourgeoisie marque la fin de la domination bourgeoise. De plus, comme nous l’avons vu, la bourgeoisie tombe dans le prolétariat. Cependant cette transformation économique doit se faire peu à peu. Effectivement nous devons nous rappeler que le début de la révolution est marqué par une alliance avec la petite bourgeoisie. Dans un premier temps, il s’agit donc d’éliminer la grande bourgeoisie pour acquérir le pouvoir, mais aussi pour obtenir les moyens financiers de cette bourgeoisie et pour produire des forces productives. Cependant, il ne faut pas s’attaquer et s’attirer les représailles de la petite bourgeoisie tant que le prolétariat n’est pas prêt à y faire face. Ainsi Marx indique clairement cet objectif par l’emploie, dans la même phrase de deux adjectifs contradictoires : « peu à peu » et « le plus vite possible ». Il faut ainsi, dans la dictature du prolétariat, réduire « peu à peu » la bourgeoisie, afin d’accroitre « le plus vite possible » la masse des forces de production. La masse des forces de production correspond à la somme des hommes qui produisent dans un pays déterminé, autrement dit les prolétaires. Il faut ainsi prendre petit à petit les moyens de production pour éviter une contre révolution de la petite bourgeoisie et d’un autre côté utiliser ces moyens de production pour augmenter le nombre de prolétaires. Cette action a surtout pour objectif de faire rentrer la paysannerie dans le prolétariat. Ainsi le prolétariat devient de plus en plus nombreux et de plus en plus fort en face de la petite bourgeoisie, qui devient au fur et à mesure minoritaire. Ce n’est seulement qu’à ce moment, et dans la suite logique de la révolution permanente, qu’il faut priver la petite bourgeoisie de ces moyens de production. Le second objectif résulte dans l’accroissement des forces productives afin de garantir la sécurité de la révolution. En effet, c’est un fait historique que chaque révolution communiste ou socialiste est marquée par l’attaque de la monarchie ou des pays capitalistes voisins. Ces derniers viennent défendre leurs intérêts en protégeant leurs accords commerciaux avec ce pays. Mais aussi ils cherchent à éviter une épidémie révolutionnaire éventuelle. Pour l’époque de Marx, ceci a été le cas pour la révolution française et ce sera aussi le cas pour Louis Napoléon Bonaparte. De plus, pour notre époque, ce principe s’est vérifié pour la révolution russe de 1917 et pour la révolution cubaine, entre autre. Il s’agit donc d’accroitre la masse des prolétaires pour faire face à ces attaques, mais aussi pour éliminer la petite bourgeoisie.
« Cela ne peut naturellement se faire tout d’abord qu’au moyen d’interventions despotiques dans le droit de propriété et dans les rapports de production bourgeois, donc grâce à des mesures qui apparaissent économiquement insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, tendent à se dépasser elles-mêmes et qui sont inévitables comme moyen de bouleverser tout le mode de production. »
Manifeste du Parti Communiste, Paris GF Flammarion, 1998, p.100
Ainsi, pour marquer sa domination le prolétariat doit devenir despotique. Le despotisme est, par définition l’attitude politique du souverain qui consiste à gouverner avec une autorité oppressive, arbitraire et absolue. Nous devons remarquer le paradoxe apparent entre cette citation et celle qui précède. Elles sont toutes deux non seulement dans la même œuvre, à savoir le Manifeste du Parti Communiste, mais qui plus est elles sont sur la même page. Le prolétariat est à la fois démocratique et despotique. Comment alors le gouvernement peut-il prendre ses décisions après la concertation de tous les prolétaires et en même temps être absolu et arbitraire ? Il semble pourtant que le prolétariat ne puisse pas être, dans ce moment précis de son histoire, autre que despotique, comme l’affirme Marx par le terme « naturellement ». En effet chaque bourgeois a pour propriété privée un moyen de production, c'est-à-dire qu’il a le droit d’user, de jouir et de disposer de son entreprise et ceci comme bon lui semble. De plus, cette propriété est ce qui lui permet de bien vivre. Il n’est donc pas envisageable pour lui d’abandonner son bien, qui est le fruit même de son labeur ou de celui de ces ancêtres. Ceci est d’autant plus vrai que la loi de l’ancien système capitaliste lui permettait d’en posséder. En supprimant son moyen de production, les prolétaires deviennent despotiques car ils agissent contrairement à toutes lois établies. De plus ils ne font pas de cette action une loi universelle car la privation des moyens de production doit se faire de façon progressive. Le prolétariat est donc dans ce sens arbitraire. Ensuite, le pouvoir du prolétariat est absolu car, bien que son organisation interne soit démocratique, il ne représente jamais les intérêts autres que les siens. Enfin, le prolétariat devient oppressif car il fait subir ses actions à l’ensemble de la grande, puis de la petite bourgeoisie et ceci contre la volonté de ces derniers. Mais le prolétariat est démocratique de façon interne car ses décisions ne sont pas prises de façon absolue. Leurs actions servent leur cause et en ce sens elles ne sont pas le fruit de l’arbitraire. Cependant il agit dans son ensemble et comme un seul homme comme étant despotique avec les autres classes opposées. Ainsi le prolétariat est démocratique dans sa pratique théorique, c'est-à-dire dans la décision de ses actions, mais il est despotique dans leur exécution.
Cependant ces mesures économiques et despotiques, que nous allons analyser en détail ultérieurement, apparaissent comme « insuffisantes et insoutenables ». Ceci ne signifie donc pas qu’elles le sont mais plutôt que leurs effets ne sont pas perceptibles. D’abord, elles semblent insuffisantes car leur but ne peut pas être atteint rapidement. En effet, la transformation sociale de la classe bourgeoise en classe du prolétariat doit se faire petit à petit pour éviter une contre révolution possible, mais aussi pour éviter une guerre civile. Il ne s’agit pas de mettre le pays à feu et à sang. Au contraire, il s’agit de profiter des acquis des capitalistes, notamment en termes de moyens de production et ainsi construire rapidement l’économie communiste. Ainsi, les mesures économiques semblent insuffisantes car elles sont progressives. Ensuite ces mesures apparaissent comme insoutenables car leurs effets immédiats sont en contradiction avec leurs buts ultimes. En effet, la privation des moyens de production n’atteint, dans un premier temps, que certains bourgeois tandis qu’elle frappe aussi la paysannerie, comme nous allons le voir prochainement. La paysannerie est alors frappée en tant que propriétaires terriens, mais ces derniers sont aussi pauvres que les prolétaires eux-mêmes. Les premières actions des prolétaires semblent donc insoutenables car elles attaquent et dépossèdent les plus pauvres. En réalité, ceci a pour objectif d’augmenter les ressources de paysans et d’améliorer la production générale, mais aussi, comme nous l’avons vu, de les faire entrer dans la classe du prolétariat afin de grossir la masse des forces productives. Aussi, l’évolution de la société ne peut pas échapper à l’industrialisation et donc la main d’œuvre est nécessaire. Dans les faits historiques, tous les pays communistes qui ont suivi cette action ont été confrontés à de largues révoltes de la paysannerie, qui refusait naturellement de se laisser déposséder de sa terre. Ceci a alors donné lieu à des réprimandes violentes dans le sang, puis des déportations et finalement à l’abandon de telles mesures. Cependant nous devons rappeler que la paysannerie concerne, à cette époque, près de 50% de la population totale. Leur rentrée dans le prolétariat était donc nécessaire car elles garantissaient l’agrandissement exponentiel de la masse des forces productives. De plus, seule la paysannerie est capable de former une armée contre-révolutionnaire. Enfin, ces mesures économiques sont tout de même poussées à se dépasser au fur et à mesure que la classe bourgeoise diminue et rejoint progressivement dans le prolétariat et que la paysannerie rejoigne les forces productives. Avant de voir ces mesures économiques, nous devons rappeler qu’elles sont nécessaires car la transformation du mode de production est contraire aux intérêts des classes dominantes. Ces classes empêchent alors, de toutes leurs forces tous bouleversements sociaux. Le despotisme semble donc être la seule alternative.
« 1. L’expropriation de la propriété foncière et utilisation de rente foncière pour les dépenses de l’Etat.
2. Impôt progressif élevé
3. Abolition du droit d’Héritage
4. Confiscation de la propriété de tous les émigrés et rebelles
5. Centralisation du crédit entre les mains de l’Etat au moyen d’une banque nationale à Capital d’Etat et à monopole exclusif
6. Centralisation de tous les transports entre les mains de l’Etat »
Manifeste du Parti Communiste, Paris GF Flammarion, 1998 p.100-101
La première réforme vise alors la suppression des propriétaires fonciers. Ces derniers sont des individus qui possèdent des terres. Ils sont donc principalement des rentiers issus de l’aristocratie, des bourgeois et des paysans. Cependant il y a une différence entre les propriétés immobilières et les propriétés de terre et de moyens de production. Seules ces dernières sont concernées par cette mesure. L’objectif est alors d’éliminer les derniers aristocrates et de diminuer les bourgeois et les paysans. De plus ceci permet de profiter des rentes de ces derniers au profit de l’Etat. L’objectif plus profond est alors de faire entrer, dans la masse des forces productives, les paysans. En échange, nous supposons que l’Etat viendra leur verser un salaire. Le but est donc d’améliorer les rentes de l’Etat.
La deuxième mesure consiste à mettre des impôts aux revenus des plus riches. Ceci pour répondre à trois objectifs. D’abord, il s’agit d’augmenter les fonds de l’Etat par le biais d’impôt. Ensuite ceci vise à réduire l’écart social entre les salaires les plus forts et ceux des plus faibles. Enfin il s’agit de faire fuir l’aristocratie et la bourgeoisie afin que ces derniers tombent sous la juridiction de la quatrième mesure.
La troisième réforme vise la disparition progressive de toutes les différences de classe. L’héritage est par définition une loi qui vise la succession des biens matériels (et, au temps de la monarchie, des titres). Or les bourgeois et les paysans se distinguent du prolétariat par la possession des moyens de production. Après leur mort, ces moyens de production reviendront automatiquement à l’ensemble de la communauté. Les fils et les filles de ces classes ne peuvent alors pas devenir à leur tour des propriétaires. C’est alors la communauté qui obtient leurs biens et les héritiers des classes privilégiées tombent dans le prolétariat. L’abolition du droit d’héritage est alors la méthode douce pour une suppression des différences de classe.
La quatrième mesure concerne les rebelles aux régimes des prolétaires, c'est-à-dire ceux qui veulent protéger leur propriété. La confiscation de leurs biens a pour effet, comme nous l’avons vu, de faire tomber les bourgeois, aristocrates et paysans dans le prolétariat. Cette mesure vise d’une part à éliminer tous moyens financiers de ceux qui se rebellent, d’autre part elle vise à dissuader de toute rébellion. Quant aux émigrés, seules les bourgeois et les aristocrates sont concernés car ce sont les seuls qui ont les moyens de quitter le pays. Ils sont autorisés à partir mais sans les moyens de production qu’ils possèdent car non seulement elles ont proliféré grâce aux prolétaires, mais aussi car elles appartiennent maintenant aux prolétaires selon les règles de la dictature du prolétariat. Ces nouveaux moyens de productions servent alors à agrandir les rentent de l’Etat. Nous devons remarquer que la dictature du prolétariat n’a rien contre la personne même du bourgeois, mais juste contre sa condition sociale. Ainsi l’ancien bourgeois peut donc librement partir s’il ne veut pas rester dans un pays en tant qu’égal que ses concitoyens. Cependant, dans tous les cas, les moyens de production appartiennent au prolétariat.
La cinquième réforme vise l’augmentation et la gestion des finances de l’Etat. Le Capital d’Etat désigne l’argent engendré par le profit réalisé par la banque nationale. Le monopole exclusif correspond alors à l’élimination des banques privées et donc de la concurrence en générale. Par le biais d’une banque nationale à monopole exclusif, l’argent que chaque homme pose dans cette banque participe à la gestion de projet d’Etat. Le capital d’Etat augmente en même temps qu’augmente l’argent placé dans la banque. De plus, de la même manière que les banques privées, la banque nationale réalise des profits pour l’Etat, en finançant, par le crédit, des projets rentables. La centralisation du crédit permet aussi, de la même manière que l’impôt progressif, de réaliser un taux du crédit progressif et ainsi réduire, une fois de plus, l’écart entre les riches et les pauvres et même d’interdire le crédit qui servent à des fins privées. Cependant, nous devons noter qu’il reste impossible, par le biais du crédit, d’acquérir un moyen de production.
La sixième mesure vise d’abord l’augmentation des finances de l’Etat, sauf si les transports sont gratuits, mais Marx ne le précise pas et ceci n’est pas le rôle premier. En effet, elle vise la possibilité de regroupement massif des prolétaires de toutes les grandes villes de France, en cas de contre-révolution. Enfin et surtout elle vise l’organisation géopolitique de l’augmentation de la masse des forces productives, c'est-à-dire qu’elle permet la possibilité de réaliser la construction d’habitations à la périphérie des villes tout-en permettant à ces ouvriers d’aller à leur travail.
Les bouleversements sociologiques visent donc l’augmentation du pouvoir financier de l’Etat prolétarien, la diminution de la bourgeoisie (soit en réduisant l’Ecart entre les deux classes, soit en les privant de leur moyens de production) et l’augmentation des forces productives par la diminution de la paysannerie. Mais nous allons voir plus précisément ce point au cours de la prochaine partie sur les bouleversements psychologiques.
1 Fin de la ligue des Communiste, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1994 p.567