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Titre du blog : La pratique du communisme selon marx
Auteur : lapratiqueducommunisme
Date de création : 17-11-2010
 
posté le 17-11-2010 à 11:41:53

C.2 La preuve de L’union Universelle

« Lorsque les ouvriers communistes se réunissent, c’est d’abord en vue de se saisir de la doctrine, de la propagande, etc. Mais en même temps, ils acquièrent par là un besoin nouveau, le besoin de la société, et ce qui semble être le moyen est devenu le but. On peut observer les plus brillants résultats de ce mouvement pratique lorsqu’on voit réunis des ouvriers socialistes Français. Fumer, boire, manger, etc., ne sont pas là comme des moyens de se réunir, comme des moyens de s’unir. La société leur suffit ; les réunions et les divertissements ne visent qu’à créer cette société. Chez eux, la fraternité humaine n’est pas une phase mais une vérité, et la noblesse de l’humanité brille sur ces figures endurcies par le travail. »

Manuscrit de 1844, Paris GF Flammarion, 1996, p.194


Comme nous pouvons le lire, il y a clairement un objectif officiel et un objectif officieux dans les réunions des prolétaires. C’est seulement lorsque l’objectif officieux est atteint que nous pouvons dire que toutes les conditions sont réunies pour le déroulement d’une révolution. L’objectif officiel des diverses réunions organisées par le Parti communiste est de faire saisir aux prolétariats la doctrine. Ici le terme « propagande » ne doit pas être compris dans le sens péjoratif actuel qui est directement issu des grandes dictatures du siècle dernier, c'est-à-dire l’ensemble des moyens de communication utilisés par un pouvoir politique afin d’endoctriner et d’embrigader la population. La propagande, au XIXéme siècle, était un terme courant de la même famille que le terme propager et qui désignait alors l’ensemble des moyens utilisés pour propager une idée. Ainsi selon cette définition n’importe quelle publicité ou affiche d’information était une propagande. Ainsi donc les prolétaires se réunissaient pour saisir les informations théoriques données par la presse du Parti communiste. Ceci a alors pour objectif de non seulement faire comprendre au prolétariat que son intérêt coïncide avec ceux du Parti communiste, mais aussi de diffuser les informations du Parti communiste à travers la médiation des ouvriers qui, à un moment ou un autre, iront prêcher dans leurs lieux de travail. L’objectif officiel est alors double. Cependant par ces réunions, les prolétaires parviennent à assimiler le besoin « nouveau » de la société. La société est par définition un groupe de personnes réuni par des intérêts communs et qui vivent dans un groupe organisé selon leurs propres règles. Le besoin de la société est alors le manque perçu par les prolétaires d’être désunis et la douleur de ne pas pouvoir vivre selon leurs principes. De ce besoin naissant de la société naît alors une frustration d’impossibilité. En effet les prolétaires désirent vivent ensembles et selon leurs propres principes mais ceci semble impossible dans l’état actuel des choses. Alors ils désirent changer cet état de chose et la doctrine communiste leur montre que ceci est réalisable par la révolution et que c’est l’essence même du communisme. Ainsi par le désir d’être unis, les prolétaires désirent la révolution et le communisme. Ce qui semblait être le moyen est devenu le but dans la mesure où le moyen était de se réunir pour comprendre la doctrine du Parti communiste et maintenant, par le besoin de la société, le but est de pouvoir s’unir par le biais de la révolution communiste. Mais voyons maintenant comment naît ce besoin de la société.

Ainsi Marx ajoute : « Fumer, boire, Manger, etc., ne sont plus là comme des moyens de se réunir, comme des moyens de s’unir ». Nous pouvons mettre ce passage en relation avec ce que déclare Marx dans le passage que nous avons analysé précédemment : « ce qui est animal devient humain et ce qui est humain devient animal » (Manuscrit de 1844, Paris GF Flammarion, 1996, p.113). Comme nous l’avons vu, les hommes sont aliénés dans l’acte même de travailler (voir le passage de notre exposé en question), ce qui est humain, c'est-à-dire le travail, devient alors animal car le travail n’est plus réalisé dans le but de progresser techniquement, mais dans le but de vivre (comme pour les activités des animaux). Mais ce qui est animal, c'est-à-dire manger, boire, etc., devient humain car ce sont les moments où l’homme est libéré, dans la pratique, de sa vie d’aliéné, de la nécessitée de travailler pour vivre. Les besoins animaux se transforment en plaisir car ils ne sont plus vécus comme une nécessité mais comme une liberté. Le capitalisme crée un inversement de l’essence même du travail dans la vie des prolétaires. Là où ils devraient être libre, dans le travail, ils sont aliénés et là où ils sont contraints, dans les besoins naturels, les prolétaires ont l’impression d’être libres. De plus manger et boire procure des plaisirs naturels depuis longtemps reconnus et par beaucoup d’entre nous. Un plaisir qui n’existe pas dans le travail aliéné. Le capitalisme a créé une société où les biens de consommation s’acquièrent non par le travail en propre, mais par l’échange du salaire du travail contre des biens. Le plaisir de profiter de son propre travail n’existe plus, nous profitons maintenant de notre argent. Les prolétaires sont donc libres seulement dans leurs choix des biens qu’ils mangeront et boiront. Ils n’éprouvent pas directement de difficultés à manger et à boire car ces actes ne sont pas directement issus du travail. Le plaisir de ces actions et la liberté abstraite de choix semblent alors largement préférables au travail aliéné. Ce qui est animal devient alors logiquement humain. Or lorsque les ouvriers se réunissent après le travail pour manger, boire, fumer (bien que ceci ne soit pas un besoin animal, nous pouvons tout de même le considérer comme un plaisir de la même nature) ils passent alors de l’aliénation du travail animal au plaisir de la table et même au plaisir de la liberté humaine. Alors il est tout à fait logique que naissent le besoin de la société. Dans cette société créée par les réunions des prolétaires, ils ont l’impression d’être libres et heureux car ils échappent à l’aliénation du travail de la société capitaliste. Ainsi cette société leur suffit. Ils sont alors beaucoup plus que simplement unis, ils sont poussés par le désir de vivre ensemble. Ils sont plus que solidaires, leurs plaisirs est de vivre ensemble.

Les diverses réunions des prolétaires ne sont donc qu’un moyen pour créer la classe universelle. D’ailleurs Marx l’affirme : ces réunions « ne visent qu’à créer cette société ». La société ici créée n’est rien d’autre que des prolétaires qui désirent vivre selon leurs propres lois dans leurs propres groupes organisés. En un mot, les réunions ne visent qu’à créer le désir de la société communiste. La fraternité humaine devient une vérité. Nous pouvons définir la fraternité comme étant un ordre social dans lequel chaque homme aimerait l’autre comme son propre frère. Ici, cette fraternité est devenue une vérité car la preuve de ce fait réside dans la création même du besoin de la société et du désir de la révolution. En effet, c’est parce que les prolétaires éprouvent entre eux de la fraternité qu’ils éprouvent un grand plaisir à se réunir et c’est donc par ce plaisir de se réunir qu’ils éprouvent le besoin de la société. Et c’est par le besoin de la société qu’ils désirent la révolution. La fraternité est le stade ultime pour une classe universelle car chaque membre aime l’autre, par définition, comme son frère et par conséquent ils sont unis par des liens les plus forts possibles. En se réunissant autour de ce qui est devenu humain pour eux, les prolétaires créent une union fraternelle qui est confirmée par le besoin de la société. Toutes les conditions pour la révolution semblent alors réunit. Le Parti communiste peut alors la déclencher. Cependant, nous devons remarquer que l’union fraternelle ne peut se faire seulement qu’entre petits groupes. En effet, il semble impossible de réunir l’ensemble des prolétaires pour que tous fraternisent entre eux. Ceci est physiquement impossible à réaliser. Il ne peut y avoir qu’une multitude de groupuscules d’unions fraternelles de prolétaires. L’union des différents groupes ne se fait alors seulement que par le fait qu’ils soient communistes. Autrement dit l’union des diverses groupuscules ne se fait que par la médiation du Parti communiste. Le prolétariat n’est alors pas universel directement mais seulement par la médiation du Parti communiste qui unit tous les groupes fraternels de prolétaires.