La notion de taux de profit a été élaborée par Marx dans le Capital1 et plus particulièrement dans son analyse des crises périodiques du capitalisme. Cependant, cette notion était déjà présente, en puissance, dans le Manifeste du Parti Communiste. Elle est toutefois contestée par ses détracteurs qui sont en général d’inspiration libérale. Cependant, ils ne peuvent pas nier la récurrence des crises du capitalisme.
« Il suffit de citer les crises commerciales qui, revenant périodiquement, remettent en question et menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise tous entière. Chaque crise anéantit régulièrement une grande partie non seulement des produits existants, mais même des forces productives déjà créées. Avec les crises éclatent une épidémie sociale qui serait apparue à toutes les époques antérieures comme une absurdité : l’épidémie de la surproduction. La société se trouve brusquement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre générale d’anéantissement lui ont coupé tous les moyens de subsistance : l’industrie, le commerce semblent anéantis, et pourquoi ? Parce qu’elle possède trop de civilisation, trop d’industrie et trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne servent plus à faire progresser la civilisation bourgeoise et les rapports de propriété bourgeois ; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ces rapports, elles sont entravées par eux ; et dès qu’elles surmontent cet obstacles, elles désorganisent toute la société bourgeoise, elles mettent l’existence de la propriété bourgeoise en péril. Les conditions bourgeoises sont trop étroites pour contenir les richesses qu’elles ont produites. – Par quel moyen la bourgeoisie surmonte-t-elle les crises ? D’une part en imposant la destruction d’une masse de force productive, d’autre part en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus les fonds anciens. Par quel moyen donc ? En ouvrant la voie à des crises plus étendues et plus violentes et en diminuant les moyens de les prévenir. »
Manifeste du Parti Communiste. Paris. Ed. GF Flammarion. Chap.1 p.80-81
Il est un fait empirique que le capitalisme traverse régulièrement des crises commerciales. Ainsi nous pouvons citer :
1973-1979 : crise provoquée par les chocs pétroliers
1993 : crise due en partie au Système Monétaire Européen (SME)
1994 : crise économique mexicaine
1997 : crise économique asiatique
1998 : crise économique russe
1998-2002 : crise économique argentine
2002 : crise turque
2007-2010 : crise économique mondiale due à l’immobilier Américain.
De plus, nous devons remarquer que nos dates ne commencent qu’en 1973 alors que Marx avait déjà conscience de la récurrence des crises économiques et que, de plus, nous n’avons cité qu’une partie des crises économiques de cette époque. La question est alors de savoir à quoi sont dues ces crises récurrentes du capitaliste. Mais encore, puisque ces crises sont récurrentes et qu’elles arrivent régulièrement, alors elles ont dans le plupart des cas la même et unique cause. Cette cause est la chute du taux de profit. Il faut comprendre par crise économique une dégradation brutale de la situation économique d’un pays et qui entraîne une récession économique, c'est-à-dire une baisse des salaires, une hausse des prix et une faillite d’une partie des entreprises. Ceci a logiquement pour conséquence d’accroître les tensions sociales et donc, assembler à la partie précédemment développée, la crise provoque la chute du capitalisme.
La cause de la chute du taux de profit est due à la surproduction, chose qui est une aberration pour les systèmes économiques précédents. Dans les avantages du capitalisme nous avons vu qu’il y avait une abondance de produits. Ceci grâce à l’appât du gain associé au principe logique qui dit que plus il y a d’objets vendus et plus il y a d’argent gagné. Nous devons noter qu’il n’était pas rare que les anciens régimes (féodal, monarchique, etc.) subissent des famines ravageuses. Une crise économique due à l’abondance des denrées est alors une aberration comparée à ces anciens régimes. Dans le système « moderne » les bourgeois investissent toujours de l’argent dans leurs entreprises et ceci dans le but d’accroître leur gain final. Effectivement, il faut plus d’argent pour payer plus de machines et d’ouvriers, afin qu’ils produisent à leur tour plus de marchandises que les bourgeois pourront vendre et ainsi augmenter leurs capitaux. Le capital investi dans l’entreprise est alors de plus en plus lourd et les articles sont de plus en plus en abondance sur un marché qui n’a pas obligatoirement plus de demandeurs. Le taux de profit de l’entreprise baisse alors nécessairement car l’argent investi pour la production augmente, autrement dit les dépenses augmentent, alors que le marché n’augmente pas, par conséquent les gains n’augmentent pas. Les crises arrivent alors lorsque le marché des demandeurs est saturé de produits car les entreprises ont déjà répondu à toutes les demandes. Les entreprises rentrent alors en concurrence les unes avec les autres. Une concurrence de plus en plus féroce car les capitaux investis sont de plus en plus lourds. Les entreprises ont alors comme choix soit de surexploiter les prolétaires, en éliminant une partie des travailleurs (c'est-à-dire réduire les dépenses) et en demandant aux travailleurs restant de produire le même travail. Ceci abouti alors à des conflits de classes toujours de plus en plus tendus et donc finalement à une révolution. De plus, les grèves à répétition des travailleurs peuvent faire perde beaucoup d’argent à l’entreprise, Soit en prenant de gros risques financiers (comme les « subprimes »2, la « titrisation »3 des emprunts, les achats d’action risqués, le financement de produits à risque, etc.) qui conduisent, un jour ou l’autre, à la faillite générale des entreprises et donc à la crise. Par conséquent c’est la surproduction qui conduit nécessairement à la crise ou plus précisément c’est l’appât du gain qui conduit à la surproduction et donc à la crise.
L’existence de la société bourgeoise est alors constamment remise en cause par les crises commerciales car elles alimentent régulièrement les conflits des classes. Si les entreprises diminuent leurs dépenses et donc licencient en masse une partie des ouvriers, la classe prolétarienne est directement victime de cela, que ce soit par la surexploitation pour une partie ou par le paupérisme pour l’autre partie. Ceci rend alors de plus en plus proche le moment d’une révolte éventuelle. Si les entreprises prennent des risques et font faillite alors toute une partie du prolétariat devient des paupers et donc le risque de révolution est encore plus grand. Le capitalisme s’autodétruit alors nécessairement. Pour lutter contre la crise, les capitalistes d’une part détruisent alors une grande partie des forces productrices, autrement dit licencient en masse des travailleurs, pour se sauver de la faillite en réduisant considérablement leurs dépenses. De plus, elles produisent alors nécessairement moins et donc n’ont plus de problèmes de surexploitation et de surproduction (et ceci assemblé aussi au faite que certaines entreprises concurrente font faillite). D’autre part, les capitalistes peuvent exploiter de nouveaux marchés par l’innovation ou par l’ouverture vers d’autres pays et ceci afin de vendre leurs stocks en ayant un plus grand marché. Ceci entraîne nécessairement de prochaines crises encore plus grandes car au lieu d’être restreintes sur un marcher relativement petit, cela ouvre la porte à des crises mondiales. D’ailleurs nous pouvons remarquer que ce point chez Marx est appuyé par les faits réels. La crise de 2007-2009 dites des « subsprimes », a commencé aux Etats Unies et a précipité dans sa chute le monde entier. Les crises sont alors de plus en plus fortes et les prolétaires sont alors de plus en plus nombreux à en payer les conséquences. Ceci peut alors aboutir à une révolution prolétarienne qui est, à chaque crise, de plus en plus éminente et de plus en plus étendue. Les prolétaires sont de plus en plus nombreux à ne plus rien n’avoir à perdre et si le prolétariat est organisé en classe universelle, ceci ne peut qu’aboutir à une révolution. En attendant nous avons accès à des confirmations pratiques de ce fait où le prolétariat, bien que désunit, s’engage dans des actions de plus en plus violentes et radicales. Ainsi, en suivant la crise de 2007-2009, nous pouvons voir, un peu partout en France, des ouvriers, ayant perdu leur emploi séquestrer leur patron. La crise financière, associée, dans un système qui aliène et maintient dans la misère, une classe sociale, aboutit nécessairement à une révolution, si cette classe est assemblée en classe universelle. La question la plus importante maintenant est alors de savoir comment assembler le prolétariat.
1 Le Capital, Paris, Edition Social, 1983
2 C'est-à-dire que les banques fond des crédits à risque à taux variable et ainsi si le taux est élevé pour l’emprunteur, le rendement est plus gros pour le préteur.
3 Transformation des emprunts en titre financier jouer sur à la bource