Le système féodal est par définition un système économique et politique régie par les règles de la féodalité, c'est-à-dire un système hiérarchique allant du souverain aux serfs, en passant par les seigneurs et le clergé. Les historiens ont daté cette période de l’histoire entre la fin de l’époque carolingienne (vers 470) et la fin du Moyen Age (1450). On retrouve particulièrement se système dans les pays d’Europe. Les règles de la féodalité reposent sur une économie basée sur l’exploitation de la paysannerie par l’aristocratie et ceci dans le cadre de la seigneurie. C'est-à-dire qu’un petit groupe de personnes habitant sur un domaine déterminé est soumis à l’autorité du seigneur qui possède ce domaine. A partir du XII, c’est l’autorité monarchique qui est de vigueur et qui s’organise en forme de pyramide allant des paysans en passant par les vassaux jusqu’aux souverains. Par l’instauration de la fiscalité royale, se prépare alors la restauration de la souveraineté. A partir de là nous avons en réalité un système monarchique et non féodal. Mais il faut savoir que le mot « féodalité » est apparu au XVIIe siècle pour désigner ce qui se rattache à un système médiéval. Ainsi pendant les révolutions de 1780, les révolutionnaires désignaient par féodal l’ancien régime et c’est à partir de ces années révolutionnaires que le terme féodal prit un sens péjoratif. Lorsque Marx oppose « le système féodal » au système moderne, il oppose en réalité le régime monarchique au régime capitaliste. Il ne faut cependant pas croire que Marx n’emploie pas les bons termes, mais en réalité, ce sont les termes qui ont évolués. Il existe donc bien un système féodal mais il est totalement différent de celui qui est désigné par Marx. Marx entend donc par système féodal, le système économique et politique qui est en rigueur de la fin de la monarchie absolue à la fin de la monarchie constitutionnelle.
Nous ne pouvons cependant pas dire que c’est le remplacement du système monarchique par le système démocratique. Pour Marx, les différents remplacements de système ne se font pas vraiment dans leur manière de fonctionner mais plutôt dans le remplacement de la classe dominante. Ainsi, la monarchie constitutionnelle n’est pas un nouveau système, vis-à-vis de la monarchie absolue, mais une simple médiation du pouvoir entre l’aristocratie et la bourgeoisie. Ce n’est pas tellement que le système « moderne » soit démocratique qui fait de cet événement un bouleversement historique majeur mais plutôt le fait que ce soit la classe bourgeoise qui impose sa domination aux autres classes.
L’important est donc le changement de classe dominante, comme le confirme ici Engel :
« […] Cet organisme est le pouvoir d’Etat ; A peine né, il se rend indépendant de la société, et cela d’autant plus qu’il devient d’avantage l’organisme d’une certaine classe, qu’il fait prévaloir la domination [de] cette classe ».
Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique Allemande1
Les classes peuvent être différenciées par deux caractéristiques. D’abord par leur domination des unes par rapport aux autres et ensuite par les intérêts partagés des membres de toute une classe. Par conséquent lorsqu’une classe prend le pouvoir, c’est tout le système politique et économique qui est bouleversé. L’intérêt de la société vient de changer. Ainsi l’intérêt pendant le système féodal était l’intérêt des différents seigneurs, l’intérêt pendant le système monarchique était l’intérêt du monarque et des aristocrates, l’intérêt du système capitaliste est l’intérêt de la classe bourgeoise possédant le capital et l’intérêt du système communiste est l’intérêt du prolétariat en tant que classe universelle. Donc ce qui caractérise le système « moderne » ou capitaliste est le fait que ce soit la classe bourgeoise qui ait pris le pouvoir.
1 Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique Allemande, Paris, Ed. Social 1976